En voilà une dont je cours après l’essai depuis bien longtemps. Ils ont mis deux plombes à la roder et à peine a t’elle été dispo qu’un gus l’a foutu par terre. Bilan, il faut maintenant signer une caution de 1000 euros avant d’en obtenir les clés...
Pas grave, le V-twin ouvert à 60° et refroidissement liquide créé en collaboration avec Porsche excite ma curiosité, tout comme le chassis atypique.
Bon, l’engin est un gros roadster mais quand on le voit ça ne saute pas aux yeux tellement on dirait la V-Rod.
Y’à que les repose-pieds rapprochés qui me permettent de les différencier, pourtant d’autres modifications ont été faites (pot réhaussé et angle de chasse plus fermé, entre autres). Il faut donc aimer l’esthétique custom et les chromes pour craquer dessus. Pas de doutes, la frime est de la partie. Installons nous.
La selle est un peu ferme mais pas trop haute ; la position assez naturelle, le guidon tombant dans les mains et les jambes étant droites et un peu repliées. Les rétroviseurs sont trop rapprochés et ne permettent pas de voir derrière soi, juste sur les cotés arrières. Les commodos sont à la Harley, il m’est arrivé de klaxonner en voulant mettre un clignotant. Et comme il fait un bruit de camion (c’est homologué ce truc ?) je me suis fait de petites frayeurs
le temps de comprendre. 
Les leviers sont larges et non réglables mais ergonomiques. Ce n’est pas le cas du faux réservoir, tout en longueur et génant à l’intérieur des cuisses. Le vrai se trouve sous la selle (ce qui explique en partie l’empattement) et ni cette dernière ni le bouchon de réservoir ne se ferme à clé.
Le tableau de bord est joli mais un peu petit et difficile à lire. Comme en plus il est trop bas il faut quitter la route des yeux pour le consulter. Bof. Une jauge à essence est présente et les voyants sont joliment et discrètement intégrés. A la mise en route comme à l’arrêt des effets permettent de vérifier qu’il fonctionne correctement. Le contacteur est à l’avant à droite, original avec une clé ronde comme sur certains bloque-disques. Une alarme est installée de série.
On sent bien le poids de la bête (291 kg avec les pleins) lorsqu’on la débéquille.
Le démarrage doit être bien dosé entre la mise des gazs et l’embrayage sous peine de caler ;
ce qui casserai immédiatement l’image un poil frimeur du propriétaire de ce bel objet. Par la suite la boite se fait oublier par sa douceur. Le son est un peu faible, point de Pataplop plop plop Harley.
Le moteur est très souple (il repart dès 2000 tr/min) et tout en rondeur, tout en force, je n’ai pas vraiment senti de cap même s’il s’énerve passé 6000 tr/min et qu’il s’essouffle (bridage !) avant la zone rouge, à 9000 tr/min. Le poids et l’empattement ne m’ont pas permis de la lever,
mais je doute que ça frustre ses propriétaires. Vu ce que j’en avais entendu et le faible empressement que mettait le concessionnaire à la roder je m’attendais à un moulin chiant. Ben pas du tout. Les palpitations ne sont certes pas hyper présentes mais bien là malgré tout, le rendant attachant. 
Et... pour... la VIROLE !? Ben effectivement y’a bien moyen de s’amuser, mais à condition de ne pas être énervé. Les 40° (32° sur la V-Rod) de garde au sol sont corrects, la Street Rod frottant à peu près comme un CB 500.
Le poids se fait sentir principalement dans les pif-pafs et il faut un peu l’inscrire en virage. Ses suspensions sont un peu fermes et elle reste toujours saine (en tout cas durant mon essai). En cas d’entrée optimiste en courbe on pourra compter sur le frein arrière, vraiment surdimensionné.
Il est facile à doser mais on le bloque quand même facilement. Normal, mettre un disque de 300 mm avec un étrier Brembo 4 pistons
à l’arrière c’est plus que nécessaire je trouve. L’avant est lui correctement dimensionné. La puissance est suffisante, il faut insister pour bloquer l’avant chaussé de D207. Le freinage maximal s’obtiendra en les couplant.
Au final c’est un roadster sympa mais pas du tout extrème, pour les arsouilleurs tranquilles (oxymore ?
) ; à contrepied de la tendance actuelle, qu’on retrouve chez Buell, par exemple. Bien différent de l’esprit Harley, je trouve que la moto a le cul entre deux chaises.
Les paisibles clients habituels n’ont sûrement que faire de 120 chevaux, d’autant plus si les palpitations sont moins présentes : elle ne doit donc pas s’adresser aux motards orientés paysages. Or ceux voulant des sensations chercheront probablement des machines plus extrèmes : plus légères et plus joueuses.
Les mauvaises langues penseront alors sûrement que HD doit essayer de refourguer ses stocks de V-Rod de cette façon, la moto n’ayant pas reçu le succès escompté. A moins qu’elle ne s’adresse simplement aux motards plutôt aisés et pas trop énervés, à l’instar de la MT-01. Cette dernière étant dans le top 10 des ventes 2005 (en France seulement), l’idée d’Harley n’est peut être pas mauvaise... 