Le liquide de refroidissement permet un refroidissement homogène par une circulation optimale des calories, contribuant ainsi à la bonne longévité du moteur. Mais, tout comme l’huile, il s’oxyde et se dégrade avec le temps et doit donc être régulièrement remplacé. Le changer ne coûte pas excessivement cher et est assez simple à faire, il faut compter entre une demi heure et une heure selon le soin apporté et l’accessibilité. Le manuel d’entretien ou mieux, la revue moto technique, sera le bienvenu.
Cette opération est donc importante et si on omet de la faire le liquide agira, au bout d’un certain temps, comme le calcaire contenu dans l’eau, déposant une pellicule de plus en plus grosse sur les parois du circuit (ce que j’ai constaté sur ma ZXR). A terme, cela peut le colmater, avec les conséquences de surchauffe qu’on imagine. On verra plus loin comment le nettoyer (nan, pas avec du Calgon gros lourd !!
). En cas de doute sur ses propriétés, sache qu’on peut tester ses capacités antigel avec un densimètre (ça coûte entre 5 et 10 euros). Il faut prévoir deux à trois litres (le plus souvent) de liquide de refroidissement pour aluminium et magnésium, et le joint pour la vis de purge.
On vide
Le liquide pouvant être brûlant et le circuit sous pression, on effectue toujours la purge du circuit de refroidissement lorsque la moto est complètement froide. Essayer d’ouvrir le bouchon du radiateur à chaud nous expose à de sérieuses brûlures.
On commence par dévisser le bouchon du radiateur. Il n’est pas obligatoirement sur le radiateur mais toujours en contact direct avec lui (comme sur la CB, sur laquelle il faut démonter le réservoir - ce qui n’est pas une mince affaire - pour y accéder). Il y a parfois une vis de sécurité à enlever et le démontage du bouchon est le plus souvent à faire en deux temps. On cherche ensuite la vis de vidange, qui se trouve généralement sur la pompe à eau.
Attention avant de dévisser ! Si la vis est à l’horizontal le liquide va nous jaillir dessus, on se prépare donc en tenant la cuvette de réception ou en tenant une feuille de papier glacé pour rediriger le jet (ou un entonnoir, ou une bouteille plastique redécoupée, etc).
Ca y est le liquide s’écoule. Il en restera probablement à divers endroits, donc penche la moto d’un côté puis de l’autre pour faire circuler l’eau et malaxe les durits pour essayer de la chasser.
Le truc du manouche (à utiliser avec parcimonie) consiste à démarrer le moteur. La pompe à eau se mettra en marche et évacuera le liquide très facilement. On n’accélere pas ou à peine et on ne le fait bien sûr pas tourner longtemps. Mais ça ne doit pas marcher sur toutes les motos (en tout cas sur la ZXR ça ne marche pas). La RMT propose aussi un truc efficace : souffler dans la durit de mis à l’air du vase d’expansion, c’est simple et ça marche assez bien (à condition que le radiateur et le vase soient fermés !
).
On fait son liquide
On peut faire le liquide de refroidissement soi même, la recette est même donnée dans le manuel d’entretien de la CB. Il faut mélanger de l’antigel "éthylène-glycol" avec de l’eau déminéralisée au ratio 50/50. Ce ratio peut être différent selon l’usage que l’on a de sa moto.
Cela ne doit normalement être fait qu’en dépannage, un bon liquide de refroidissement ne se contentant pas de refroidir. Un liquide de qualité doit garder ses propriétés avec le temps (il s’oxyde) et ne doit pas créer de dépots qui risqueraient d’obstruer les fins conduits du radiateur. Il respecte aussi les matières dans lesquelles il circule (joints, durits, alliages) et est pensé pour ne pas les caviter sous la vitesse de circulation et sa température. Il doit donc être antigel, lubrifiant et anticorrosif. Vu ce que coûte le liquide et sa faible fréquence de remplacement ce n’est pas le meilleur poste pour faire des économies.
On rempli
Le remplissage s’effectue par l’orifice du radiateur. On fait couler le liquide doucement pour laisser le temps aux bulles d’air de remonter. La moto doit être tenue droite les deux roues au sol ou sur sa béquille centrale, mais pas sur une béquille d’atelier. La tenue de la moto est spécifiée dans la RMT. On malaxe les durits pour chasser l’air et on refait le niveau d’eau selon ce qui est indiqué. Si de l’air subsiste l’aiguille ou l’affichage de température moteur ne montera pas, et un remplissage incomplet peut provoquer une surchauffe. On fait tourner brièvement (une minute) le moteur en mettant de doux coups de gazs (jusqu’à 4/5000 tr/min environ) pour que les éventuelles bulles d’air circulent et s’échappent par le radiateur que l’on n’aura pas encore refermé. On referme le radiateur et on rempli le vase d’expansion (au niveau maxi).
On fini et on fait l’appoint
On peut aller faire un tour ou vérifier que la jauge de température moteur grimpe normalement. On traque les éventuelles fuites de liquide (trainées blanchâtres). Note qu’il existe des produits qui permettent de réparer efficacement mais provisoirement les fuites. L’ultime vérification est le bon déclenchement du ventilateur (avant que l’aiguille de température - si aiguille il y a - n’atteigne la zone rouge).
Si le déclenchement ne se fait pas on peut vérifier que le ventilateur fonctionne bien en shuntant sa connectique avec un trombone. Si le problème ne vient pas de là , on peut alors démonter le calorstat et le tremper dans de l’eau bouillante pour vérifier que sa membrane (permettant le passage de l’eau lorsque le moteur est chaud) se décolle bien. Attention on remontage, le joint sera à changer (la procédure est donnée dans la RMT).
On vérifie ensuite le niveau de liquide via le vase d’expansion. Moto froide il doit être entre le mini et le maxi. A chaud le liquide se dilate (s’expand) et le vase sert à absorber son expansion (d’où son nom). Il sert aussi de purgeur automatique des bulles restantes et de la vapeur (ce qui explique pourquoi le niveau peut baisser). L’appoint, que la moto soit chaude ou froide, se fait toujours, exclusivement, par le vase d’expansion.
On nettoie
Si le liquide n’a pas été changé depuis mathusalem il est possible de nettoyer le circuit de refroidissement. Pour cela on utilise du vinaigre cristal (ça coûte que dalle et ça se trouve dans toutes les grandes surfaces). Une fois le circuit refermé on fait circuler un peu puis on laisse reposer une demi heure maximum. Une fois le vinaigre évacué on nettoira deux fois le circuit à l’eau déminéralisé avant de mettre à nouveau le liquide de refroidissement. Un radiateur encrassé pouvant aussi être la cause d’une surchauffe on le nettoiera au passage.
On piste
Le liquide de refroidissement est un peu gras (puisque lubrifiant, entre autres) et est donc interdit en compétition car en cas de chute et / ou de fuite il pourrirait la piste.
Les pistards le remplacent donc par de l’eau (déminéralisé s’ils sont soigneux, pour éviter le calcaire). L’eau n’ayant pas de propriété anti-corrosive, on la remplacera toujours par du liquide de refroidissement lors du stockage de la moto ou lorsqu’on ne l’utilise pas plusieurs semaines.
On hiverne
Attention les pistards ! Sur piste le remplacement du liquide de refroidissement par de l’eau ne pose pas de problème mais ne laissez surtout jamais de l’eau dans le circuit de refroidissement d’une moto exposée à des températures basses !!! En gelant l’eau prend du volume (qui ne sera bien entendu pas absorbé par le vase d’expansion) et casse tout !
Je connais un pistard en R6 qui a foiré la culasse de son moteur comme ça. Bien dommage.
Les possesseurs de machines n’ayant pas d’échangeur eau huile (et les machines air-huile comme les vieux GSX-R et les Bandits, GSXF, etc.) et roulant l’hiver peuvent aider leur moteur à monter en température en couvrant le radiateur (en partie ou totalité, selon la température) par du carton.