Beaucoup disent que cette moto s’est japonaisisée.
En quoi ? Est-ce que ça a tué le mythe ? Garde t’elle de sa rugosité ? De ses courbes moteur attirantes ? Les chiffres peuvent faire peur en descendant d’un V11... Vin Diou quel suspense intenable ! 
Tout d’abord les commandes. Les rétros sont efficaces, les leviers Brembo sont réglables, l’embrayage est à sec (on l’entends bien) et la commande hydraulique, les commodos sont particuliers (klaxon et clignos inversés - bip ! Oups
), avec les trips commandés au guidon. Le tableau de bord a un design soigné mais n’est pas particulierement confortable à lire, avec une belle jauge d’essence (un peu longue à s’appercevoir que le réservoir est plein en sortant d’une station service), la vitesse et le régime à aiguille, le reste en digital. Dessus, la béquille latérale est loin à chercher, un voyant indique lorsqu’elle est dépliée. La position est très neutre, très agréable et l’assise est large et moelleuse.
Il y a tout ce qu’il faut pour tailler de la borne.
Les suspensions sont bien souples, confortables. Même un peu trop, la moto est un peu floue sur l’angle. Le parcours était surtout composé de courbes rapides qui ne doivent pas être ce qu’elle préfère
et si on peut angler un peu on arrive vite à mettre la béquille centrale au sol. Là la sensation n’est pas comme un repose-pied qui racle, le contact se répercute sur toute la moto et à mon avis c’est un coup à se péter la gueule sur une compression...
Pour le reste le freinage est très bon, avant comme arrière, et Moto Guzzi propose même l’ABS en option (pour 600 euros).
Oui, je sais, le chassis et les commandes ne sont pas ce qui désignent le myyythe. Je te rassure, il est toujours vivant.
Couple de renversement lors du coup de gaz à l’arrêt, on le sent aussi en roulant. Le moteur est bien excellent, pas par sa puissance mais par le senti des pistons qu’il offre (ça faisait longtemps que j’en avais pas parlé). Le twin pilonne tout en force
dès les plus bas régimes (la moto reprend à 1500 tr/min sur les premiers rapports !), un vrai régal. Vers 4500-5000 tr/min ça se renforce sans faiblir jusqu’à la zone rouge. Oui, mais y’a pas de zone rouge. Y’a juste une diode qui te dit "encore ! encore !" (à moins que ce ne soit le contraire
) en clignotant dès 6500 tr/min. J’ai cherché le rupteur mais à 8000 je ne l’avais pas encore trouvé et je n’ai pas insisté.
Pour les indélicats se demandant si elle lève : je n’y suis pas arrivé
mais ça doit être possible à l’embrayage. Ce dernier ne m’a d’ailleurs pas semblé particulièrement dur à actionner mais je ne m’en suis pas énormément servi non plus. Pour conclure niveau moteur, même si les chiffres ne semblent pas flatteurs par rapports à ceux de la V11 Le Mans, il en reste bien suffisament pour prendre un gros panard (mmm, les coups de piston
). Un pot permettrait d’encore plus en profiter, le son étant un peu lég’ d’origine. Dommage que des à -coups soient présents lorsqu’on est sur un filet de gaz (ça doit venir de l’injection ou du cardan). La japonaisation s’est surtout faite au niveau de la boîte de vitesse, douce, agréable. Le selecteur se bloque lorsque la première est enclenchée (contrairement à la Le Mans).
En conclusion elle m’a plu, surtout de moteur même si je ne serais pas contre plus de chevaux.
Le chassis est toutefois trop calme pour moi (on ne se refait pas), mais celui qui aime la conduite cool dans la petite virole se régalera bien des relances du twin. Les longues balades ne devraient pas non plus être une sinécure vu le confort général. Pour me faire craquer
il aurait fallu ce moteur dans un chassis de BMW, avec une garde au sol améliorée. ...Et que Moto Guzzi fasse ses preuves niveau fiabilité, celle de Jean Jean était un trop grand nid à emmerdes.