Changement du moteur de la ZXR

JPEG Après avoir remonté la ZXR j’ai eu pas mal de petits soucis à résoudre. Fumée venant de je ne sais où, fuites d’eau, fuites d’huile, régime moteur refusant de descendre, shklong à interval régulier, bref il m’a fallu combattre encore un peu avant de profiter pleinement de ma belle. Les vibrations bizarres à haut régime étaient toujours là, puis elles ont disparu après un stage pilotage où je lui en ai mis plein la tronche. Un mécano m’a expliqué qu’il arrivait que des vieux moulins aient des pistons qui se calaminent plus que d’autres et que ça pouvait créer un déséquilibre et donc des vibrations. Cette calamine peut partir si le moteur passe quelques temps à fond. Je suppose que c’est ce qui s’est passé sur ma ZXR.

Et lors d’un examen chez un concessionnaire il est apparu qu’un roulement interne au moteur semblait être la cause du shklong. Le démontage / changement de la pièce étant hors de prix et ayant trouvé un moteur d’occase pour 300 euros, j’ai sauté dessus. Entre temps une "contre-expertise" n’a pas confirmé le premier diagnostique et le bruit a disparu sans que je comprenne bien pourquoi. Probablement venait-il de la chaîne.

Donc bon, me voilà avec un deuxième moteur dans le garage. Et j’ai découvert une nouvelle fuite d’huile difficile à colmater. Et le résultat d’une analyse d’huile indiquait que mon moteur était quand même un peu fatigué. Et il lui arrivait d’avoir du mal à se lancer. Et puis merde, j’ai décidé de le changer quand même, histoire de voir les différences.

Je passe la moto au banc auparavant pour pouvoir comparer avec le nouveau moteur plus tard. Déjà entre mon premier passage au banc avant démontage et le second j’avais gagné 9 chevaux. Ca va, il marche quand même pas mal, au pire je le remonterai.

C’est parti

Je fini par me motiver et attaquer le démontage. J’ai tous les outils nécessaires grâce au démontage de la ZXR mais mon petit garage est en gros bordel, un peu de rangement s’impose.

Première soirée, 3 heures dont 2 de démontage du moteur.

Une fois fait j’inspecte rapidos le nouveau moteur. Mouais, exterieurement il est bien fatigué. Les conduits d’admission ont une couleur bizarre. Je démonte les bougies pour y mettre un peu d’huile afin que le redémarrage ne soit pas trop agressif avec la vieille huile qui n’a pas bougé depuis un bon moment. Les bougies sont propres (légèrement grisées). Ce faisant j’essaye de voir le sommet des pistons. Ils semblent tout caca. Mouais mouais mouais. Allez, je fais confiance au vendeur et j’attaque quand même le remplacement.

Je démonte les carénages puis je mets la ZXR sur béquilles, avant et arrière. Je ferme le robinet du réservoir et je l’enlève tant bien que mal. Comme un con j’avais fait le plein 20 bornes auparavant... Le robinet a un problème, de l’essence passe quand même. J’essaye de le placer en hauteur et le bouche avec un chiffon (une connerie en fait).

J’enlève l’embrayage puis le cache pignon de sortie de boîte. Je bloque la chaîne en coinçant un bout de bois sous la couronne et je m’attaque au PSB. L’écrou viendra facilement, tout comme l’entretoise derrière. Je dévisse l’étrier de frein arrière puis l’axe de roue afin de la sortir. La chaîne détendue me permet d’enlever le PSB (phase nécessaire pour démonter un moteur sans virer le bras oscillant).

Le démontage n’impose pas de vidange d’huile, par contre pas moyen de couper à la purge du liquide de refroidissement. J’ouvre donc le bouchon du radiateur puis la petite vis qui va bien (sur la pompe à eau). Ben ça sent toujours aussi mauvais et j’ai plein de résidus bizarre. Pourtant j’avais essayé de nettoyer le circuit au vinaigre blanc... Pas bien grave. Je rebouche le radiateur et prends la durit de mise à l’air du vase d’expansion puis souffle dedans. Une grosse partie du liquide restant est alors venu (mais il en reste toujours à droite à gauche, gaffe aux yeux en démontant les durits !).

Après quelques tours de tournevis c’est le radiateur que j’ai pu enlever. Bon ça va, ça a déjà bien avancé, je continuerai demain.

Deuxième soirée, 2 heures de démontage du moteur.

Je me pointe devant le garage. Meeerde, ça pu l’essence ! Ce con de torchon s’est imbibé d’essence et y’a pleins de cristaux bizarres qui se sont formés dessus. Une grosse auréole est sous le réservoir. Allez, je fais ce que j’aurai du faire dès le départ, je sors une pompe carrefour a 3 euros et je transfère l’essence du réservoir vers un bidon prévu pour. De toute façon faut que je change ce robinet moisi.

Cette fois c’est la ligne que je vais tomber. Les vis sur la culasse viennent facilement, une fois toutes enlevées je fini de démonter la ligne complète en enlevant l’attache du pot sous le repose-pied passager. Tout ça se fait relativement facilement. La boite à air s’enlève d’un geste, les carbus ne sont pas trop compliqués non plus mais faut démonter le commodo droit afin de donner du jeu aux câbles et pouvoir les détacher. Je vire les diverses attaches du faisceau. C’est bon, les seules choses liées au moteur sont maintenant ses attaches au cadre.

Bien. L’idée à présent est de démonter la roue avant afin de pouvoir descendre le moteur au plus près du sol. Ca me permet de le détacher sans cric ou autre moyen foireux. Mais cette connasse de roue avant résiste, impossible de l’avoir malgré des méga rallonges. GRRR ! Ah heu mais t’as pas un peu oublié d’enlever les 4 vis en bas des pieds de fourches ? Heu si ! Et sans elles c’est tout de suite plus facile ! J’enlève aussi les deux étriers et j’ai la roue avant dans les mains.

JPEG Bien, maintenant il faut enlever la béquille avant afin de poser la moto sur les pieds de fourche (un carton au sol évitera de les abimer). Et là, gros foirage ! Comme un con j’ai eu la flemme de virer le garde boue avant et la béquille se coince entre la moto et le garde boue. Le bordel étant lourd j’entend un gros CRAAAC en reposant la moto. Au revoir mon beau garde boue acheté à prix d’or en neuf chez Kawasaki !!! Bien dégoûté le Pascal.

Enfin bref le moteur est sur pneu, les écrous, contre écrous, vis, tubes et autres bordels le tenant se défont, le moteur fini de s’affaisser sur le pneu, j’essaye de le maintenir droit histoire qu’il n’y ait pas d’huile à un endroit où elle n’est pas sensée aller, je le pose, ouf. Mais pas moyen de trouver le courage d’attaquer direct le montage du nouveau moteur. J’ai super mal au dos et il se fait tard. Il m’aura fallu 4 heures au total pour démonter le moteur, en y allant tranquillement et en prenant le temps de faire quelques conneries. Le remontage ne devrait pas être beaucoup plus long, avec toujours la phase touchy de l’attache du moteur et surtout de la remise sur béquille avant...

Troisième soirée, 2,5 heures de montage du nouveau moteur.

Bon, j’ai vite compris pourquoi j’étais pas motivé pour attaquer le montage. C’est super LOURD, dans les deux sens du terme !! Le plus dur est évidemment de réussir à placer le moteur correctement pour arriver à mettre les fixations au cadre. J’y arrive une première fois avec les fixations avant, mais alors impossible de faire pareil avec les fixations arrière. Le moteur pivote vers l’avant et est trop lourd pour être bien positionné. Je dois détacher le moteur et le pousser et l’orienter tant bien que mal pour arriver à le prendre dans une fixation arrière. Une fois que j’y suis arrivé la suite fut plus facile : à nouveau sur les fixations avants et la deuxième fixation arrière était alors aussi possible. OUF.

"Ouf", "ouf", je me rends compte après coup (forcément) que j’ai oublié de positionner la chaîne correctement, tout comme le receptacle d’embrayage ! J’arriverai finalement à passer la chaîne, quant au réceptacle je m’en occuperai plus tard (en le purgeant / démontant / remontant correctement). Vient ensuite le deuxième gros morceau, la remise sur béquille d’atelier avant ! Maintenant que le moteur est en place la moto est bien lourde. Je force comme un âne, essaye plusieurs approches et fini par y arriver je ne sais comment au bout d’une bonne demi-heure d’efforts. En fait il m’aurait fallu un cric pour soulever la moto et la mettre facilement sur béquille. Ce même cric aurait aussi pu me servir pour le démontage et m’éviter de péter mon garde boue !

Enfin, ça y est, le plus dur est fait. Ca m’aura quand même pris plus d’une heure. Je fini de bien visser les fixations. Celles à l’avant sont assymétriques, un côté doit être enfoncé de 11mm, l’autre de 18mm, le genre de truc à noter quand on démonte (mais moi j’ai la RMT, hi hi hi ). J’essaye ensuite de remonter la roue avant mais sans succès. Lorsque je mets l’entretoise droite et l’entraîneur du cable compteur, ça ne passe plus !?! J’ai beau essayer en tournant la fourche, en insistant un peu, impossible ! Bon, je ne vais pas y passer la soirée, je verrai ça la prochaine fois.

JPEG Je rebranche le faisceau, les bobines d’allumage (important, je les avais oublié lors du démontage complet ), le témoin de point mort, la béquille, démarreur, masse etc. Allez, au tour des carbus. Arg, grr, mais ? bordel ! Impossible de les rentrer dans les pipes d’admission ?! J’ai beau les graisser ça ne change rien. Bon, pas de prise de tête, je les vire, récupère ceux de mon ancien moteur et les remonte. Voilà, là ça marche. Les câbles à présent (forcément je me gourre de sens mais je fini par y arriver). Puis la ligne d’échappement. Je positionne le collecteur dans les conduits d’échappement, je visse la fixation du silencieux sous le repose-pied passager, c’est bon. Je n’ai plus qu’à mettre les vrais fixations au collecteur sur les goujons de culasse.

Bien ! C’est tout pour ce soir. En fait j’aurai même pu tenter un mini démarrage histoire de voir. Ca sera pour la prochaine fois, avec le circuit de refroidissement refait. Faut que je comprenne d’où vient le problème avec la roue avant aussi, et que je profite du démontage pour faire un peu de nettoyage. Si la prochaine étape se passe bien et que le moteur tourne rond je lui ferai une petite vidange.

Quatrième soirée, 3 heures de remontages divers, nettoyage et vidanges.

Je commence par remonter la roue avant. Le problème venait de l’entraîneur du câble compteur qui doit être rentré par l’arrière et non par l’avant. Tout de suite ça va mieux. Remettre les étriers de freins était un poil emmerdant (j’ai du toucher au levier) mais je fini par y arriver. Avant de remonter la roue arrière je passe une bonne demi heure à nettoyer le passage de roue. Lors de ma dernière balade on a du rouler sur du bitume tout frais, tellement frais qu’il s’est collé aux pneus !! Et pour le virer j’ai réalisé mon premier burn, qui a évidemment pourri tout ce qui entoure le pneu. Donc un peu d’huile de coude était nécessaire pour enlever le caca.

Voilà, c’est propre, je remets la roue arrière sans problème (mais en oubliant de remettre l’étrier de frein arrière, comme je me rendrai compte par la suite). Vient le tour du radiateur et du circuit de refroidissement. Mais je n’ai plus de liquide ! Je mets mon dernier litre de vinaigre blanc pour nettoyer un peu le circuit du nouveau moteur et de l’eau normale le temps de tenter le démarrage. Mais avant de démarrer je dois encore remettre en place la boîte à air, changer le robinet du réservoir qui fuit et rebrancher le réservoir.

JPEG Le receptacle d’embrayage ne passe pas au bon endroit mais ça ne m’empèche pas de le laisser comme ça temporairement. Je vérifie que les frein avant et arrière marchent et je sors la moto afin de tester si le moteur fonctionne ou pas. Ayant mis un poil d’huile dans les cylindres je ne voulais pas tenter le démarrage dans le garage. Un poil de starter, première tentative, il tousse mais semble vouloir démarrer, deuxième, troisième, c’est bon ! Il tourne bien, il ronronne gentiment, je le laisse chauffer jusqu’à ce qu’il tienne le ralenti. Aucun bruit bizarre, tout va bien. Génial, petite émotion quand même. En tout cas j’ai eu raison de la sortir du garage car le sous sol se retrouve vite completement enfumé ! Heureusement pour moi, aucun voisin dans les parages à ce moment là.

Super ! Le moteur semble en forme, donc petite vidange pour finir. Maintenant que l’huile a un peu chauffée, elle s’évacue toute seule. Curieusement je ne trouve pas de joint de vis de vidange, le mec a du la faire à la one again ? En tout cas je ne décele pas de fuite. Le moteur est un peu rapé sûrement suite à une chute mais rien de méchant. Il me reste quelques bricoles à finir avant de pouvoir faire un essai routier. Il me tarde.

Cinquième soirée, 2 petites heures de purges et autres diverses bricoles.

Après être allé acheter du vrai liquide de refroidissement et des joints pour démonter une partie de l’embrayage hydraulique afin de le faire passer là où il faut, j’attaque les finitions pour un roulage dans de bonnes conditions. Je purge le circuit de refroidissement et y remet de l’eau afin d’enlever le maximum du vinaigre blanc qui reste. Je peux constater que certaines parties ont été bien nettoyées par le vinaigre.

Je purge ensuite l’embrayage hydraulique afin de détacher sa durit. Je me rendrai compte en le faisant que la purge du circuit de refroidissement est nécessaire afin de dévisser la partie reliée au moteur. C’est bizarre (dans l’ensemble je trouve que tout est bien pensé pour limiter le risque d’erreur et faciliter le boulot) mais ça tombe bien ! Donc démontage, je fais passer la durit là où il faut, remontage avec les joints neufs bien sûr, puis petite purge, c’est okaaay !

JPEG Je referme le circuit de refroidissement, lui remet du vrai liquide, fait un peu bouger la moto pour chasser les bulles d’air, met à niveau le vase d’expansion, ça semble correct. Par la suite j’ai plein de broutilles qui prennent pas mal de temps au final. Un cache devant le moteur protège le faisceau, il faut le remettre, la chaîne est un poil trop tendue, deux trois tubes ne passent pas au bon endroit, vérifications que tout est bien rebranché puis je remonte le réservoir correctement. Coque arrière, selles, je retransfère l’essence dans le réservoir, il ne doit plus me rester qu’à rouler, quoi.

Ca tombe bien, la météo pour le lendemain est bonne. Je suis allé cramer un plein et j’ai pu vérifier que le moteur prends bien ses tours, que la boîte de vitesse fonctionne bien (malgré un faux point mort, ce que j’ai aussi eu avec mon ancien moteur), qu’il n’y a pas de bruit bizarre, que le circuit de refroidissement fonctionne bien (température au tableau de bord, le ventilateur se déclenche avant que l’aiguille atteigne le milieu de la jauge), etc. Le seul petit souci était une durit du circuit de refroidissement qui était mal attachée, je m’en suis rendu compte à peine parti. Tout étant okay, il me faudra faire le réglage des soupapes, éventuellement changer les bougies puis plus tard la passer au banc pour comparer avec l’ancien moteur, voir faire analyser l’huile. Niveau comportement, puissance, couple, caractère etc. aucune différence ne m’a sauté aux yeux. Grosso merdo il marche pareil (à confirmer sur banc).

D’ici là je vais essayer de trouver quelqu’un pour me "ressouder" mon garde boue avant et deux trois autres pièces avant de la remonter complètement et de lui rendre sa classe intemporelle.

Maj Juillet 2007. J’ai depuis parcouru 4000 bornes avec ce moteur. Il a lui aussi eu la petite fuite d’huile au niveau du réceptacle d’embrayage, cette fois je l’ai faite colmater. J’ai fait faire une analyse d’huile qui montre qu’il est à peu prêt en même état que le précédent. Je le passerai au banc après avoir réglé les soupapes. J’ai pu prendre 260 avec, preuve de sa bonne santé.

NB : Si tu attends expressément une réponse envoie-moi plutôt un mail ... Ils sont beauuux mes smileeeys !!!