De toutes les motos à destination des jeunes je crois que la F 800 est celle qui les visent le plus.
Méchante stunteuse dans les mains de Chris Pfeiffer, en concurrence directe avec l’ER-6 que j’ai beaucoup aimé, j’avais bien envie de voir ses arguments. Un petit tour rapide montre que c’est bien une BM (la présence des commodos maudits, déjà ). Bouchon de réservoir sur la coque arrière, transmission par courroie (ils n’aiment pas les chaînes), monobras, valves sur les batons des jantes (pas con ça), disques de frein sans frète, look germanique...
Allez, j’avoue que niveau design ils s’améliorent (encore qu’il y a beaucoup à faire sur certaines), celle-ci est globalement pas mal, j’aime bien la regarder de trois quart arrière, campée sur son 180. Dommage que le monobras ne soit pas plus mis en valeur. 
Je retrouve à quelque chose prêt le tableau de bord de la R 1200 R : compteur et compte-tours à aiguille, indicateur de rapport en très gros sur la partie digitale, température exterieure, trip, conso moyenne, vitesse moyenne, distance qu’on peut parcourir avec ce qu’il reste d’essence et sûrement d’autres choses qui m’ont échappé.
Les leviers ne semblent pas réglables (ou alors y’a une astuce ?), la selle est confortable et la position me convient bien, un peu sur l’avant.
Bien, aujourd’hui on est samedi et les essais se font à la queue leu leu (mais l’ouvreur a un rythme tout à fait honorable). On se goinfre plus de ligne droite que de virolos
mais y’a quand même moyen de se faire une idée de ce que vaut la bête. Les lignes droites c’est bon pour voir certaines choses du moteur (on en voit plein d’autres dans la virole, lors des relances entre deux courbes). Donc super souple le moulin, il repart sous 1500 tr/min sans problème là où l’ER-6 nous secoue tel un prunier.
Ensuite, je me suis fait chier.
Ca tracte gentiment et bas puis offre de belles envolées passé 5500 tr/min jusqu’à 8000 (zone rouge à 8500). Mais point de côté rageur, de petites vibrations envoûtantes, du petit bruit qui va bien et qui donne du caractère à l’engin. Rien. Ca pousse de façon plus sympatique qu’un 900 TDM (dans la série NO sensations, celle-là a la palme) mais bon. Après ça dépendra des sensibilités de chacun. Pour les miennes c’est raté.
Et niveau wheel si elle le fait facilement en première, pas moyen d’y arriver en deux. N’est pas Chris Pfeiffer qui veut...
Bon, pas grave, la virole arrive, voyons ce qu’elle y donne. La position est bien à mon goût pour arsouiller, les suspensions ferme comme j’aime (donc elle rebondira sur les dos d’ânes si on arrive un peu trop vite), bref bien sympa, le chassis est joueur.

Le freinage est aussi très bon, l’ABS ne se sent pas, sauf à l’arrière comme d’habitude. Rien à dire de particulier, y’a tout ce qu’il faut pour s’amuser. Je n’ai pas eu de problème de garde au sol non plus, mais pour voir ce qu’elle vaut vraiment il me faudrait une bonne portion virolesque.
Toutefois le manque de charme de son moteur

(à mon goût) n’est pas le seul défaut que je lui reprocherai. Je ne sais pas si c’était propre au modèle d’essai mais la moto avait bien tendance à hocheter lorsque je coupais et remettais les gaz. Je ne crois pas que c’était une injection capricieuse, ça me semblait plutôt venir d’un frein moteur qui était vite présent et d’une transmission avec peut être un peu de jeu.

Pas très agréable lorsqu’on veut conduire sur un filet de gaz. Les rétros étaient aussi seulement à moitié utilisables, chose rare chez BM.
Quant au délicat chapitre du prix, à celui d’achat élevé s’ajoute toutes les options (dont sont équipées les versions d’essais, histoire de bien faire saliver). Et si certains justifient l’achat d’une BM par leur faible décôte en général, je ne parierai pas que ça sera aussi le cas pour ce genre de modèle.

Pour finir, la
F 800 ST est une bonne moto, mais à la manière de certaines Honda trop bien élevées, elle manque de ce petit quelque chose qui la rendrait vraiment attachante. Et elle ne facilite pas la rédaction des CR parcequ’en gros on ne retient rien de particulier ou d’enthousiasmant lorsqu’on en descend.

M’enfin là encore c’est personnel, il se trouvera bien des gens pour me dire que je n’ai rien compris et que c’est normal puisque je roule en Japonaise (ce sont un peu les anti-racistes de base : ils ne les aiment pas pour leurs qualités mais parceque ne pas les aimer, c’est mal

).