Ma ZXR m’a fait découvrir que les vieilles étaient loin d’être dépassées. Avec la GSX-R 750 elles se partageaient la couronne de top sportive à la fin des années 80 / début des années 90, avant de se faire détrôner par la CBR 900 RR FireBlade (elle même détrônée par la Yamaha R1). L’envie de la découvrir me titillait et je pensais peut-être m’en payer une un jour. Ayant vu cette occase à l’essai je me suis offert un petit tour avec histoire de voir si ça serait une connerie ou non. Eh ben non, ça ne serait pas une connerie du tout.
Les mecs de Pacific Bikes me font bien halluciner. Tu te pointes là-bas, tu dis qu’une moto t’intéresse et ils te font le plein, les pressions et te refilent les clés. Pas de permis, pas de caution, pas de carte d’identité, pas de temps maximum pour l’essai ! Arf ! Bien cool et pourvu que ça dure ! La CBR ronronne gentiment dans son Mig (elle ne sait pas ce qui l’attends ! ). Celle-ci a 48000 km et est super propre mais quand même bien chère (5000 euros). C’est ce modèle que j’aimerais si je m’en offre une un jour (le millésime, pas forcément cette déco-là, même si elle est pas mal). Elle faisait partie de mes motos favorties à l’époque, avec la ZXR. On bavait bien dessus. J’aime toujours les double ouies de la coque arrière et le garde boue avant joliment dessiné. Le modèle suivant fait plus pataud à mon goût.
Allez, gaaaz vers la portion virolesque qui va bien. Bon je me perds un micro poil (sinon c’est pas drôle), mais cette fois j’ai vérifié que j’avais de l’essence avant de partir (cf l’essai de la R6). Bonne nouvelle, elle est full. Elle pousse jusqu’à la zone rouge avec une grande linéarité. Aucun effondrement dans la zone de couple. Effectivement je comprends que les stunters en soient fan. Par contre j’ai complètement zappé les tentatives de wheels, donc aucune idée de ce qu’elle donne en deux.
Le moteur, je disais. Ultra linéaire on sent quand même qu’il change de ton vers les 6000 tr/min. Il vibre peu et distille aussi peu de sensations subtiles que ma ZXR. Malgré tout il répond bien et est bien plein ce qui en fait un bon allié dans la virole. La moto essayée avait toutefois un petit soucis sous les 3000 tr/min elle s’étouffait completement, ratatouillait avant de s’éclaircir la voix d’un coup, limite brutalement. Très chiant mais sûrement un problème propre à cette CBR là. Le son du pot Mig (paix à leurs âmes) était parfait, pas trop présent, rauque, nickel. Je crois que le pot d’origine est beaucoup trop étouffé.
En bref un moteur pas particulièrement expressif (comme ma ZXR) mais bien efficace et péchu. Pas rédhibitoire, faire quelques milliers de kilomètres en sa compagnie ne me déplairait pas, je craignais qu’il soit plus chiant. La boîte claque un peu lorsqu’on enclenche la première et le relâchement de l’embrayage est aussi bruyant. Les rapports semblent bien verrouillés, la boîte se fait oublier par la suite. La position est confortable et sportive à la fois. On a l’impression de rouler sur la roue avant. Je suis aussi bien dessus que sur ma ZX-6R 636. Le très large réservoir écarte bien les jambes mais j’arrivais quand même à le serrer et à me sentir bien sur la moto. Les bracelets ne sont pas très proches mais pas trop bas, les jambes pas trop pliées, y’a moyen d’abattre de la borne sans trop de fatigue.
Concernant le chassis j’avais assez peur de la roue de 16 pouces. En fait elle ne se sent pas, la moto est très saine, très intuitive. Les suspensions sont à la sauce de l’époque, à savoir plutôt sèches, sans le moelleux des actuelles. Elle était donc assez inconfortable sur le bosselé mais restait bien précise ferme et agréable sur beau bitume. Le frein avant manquait aussi beaucoup de moelleux, il y avait de la puissance, mais à condition d’insister. Peut être qu’un changement de plaquettes et de maître-cylindre suffirait à le transformer. L’arrière était super chiant, je suis arrivé à le bloquer en appuyant super fort, limite debout dessus. Dans la virole faut y aller comme un sourd pour ralentir sur l’angle, c’est bien désagrable.
Diverses choses remarquées. Les rétros sont à moitié efficaces, mais comme ils sont assez espacés on arrive à voir ce qu’il se passe derrière sans devoir rentrer les coudes. Seul le levier de frein était réglable et la béquille était bien ferme à utiliser. La CBR n’est pas vraiment une moto à surprise. Avec son moteur bien plein, son poids plume, son chassis sain et sa position sécurisante, le "Total control" cher à Tadao Baba (l’heureux concepteur) prend tout son sens.
Le moteur qui pourrait être plus vivant et les suspensions un peu sèches me font penser à ma ZXR. Elle lui est globalement supèrieure en tout, sauf niveau rigidité sur l’angle, où la mienne est vraiment impériale. La Fireblade n’est pourtant pas mal lotie non plus de ce côté là. Alors pourquoi pas, peut être que je m’en prendrai une plus tard. Par contre pour un usage route piste ça serait difficile vu la taille du pneu avant (130/70 x 16) qui limite bien le choix des gommards. J’aimerai avoir eu toutes les top sportives ou assimilées depuis les années 70 afin de juger de la progression... Toutes ces motos sont ou seront de toute façon des mythes un jour ou l’autre. Autant y goûter tant qu’elles ne sont pas inabordables.