Bahhh, j’allais pas partir de chez le concess juste après avoir essayé la Shiver alors qu’il y avait cette pauvre petite Mana esseulée ?! Que donne un moteur de scoot (puisqu’on le retrouve, à peu de chose près, dans la Gilera 800) dans un chassis de moto ? Il doit y avoir de la demande vu comme les constructeurs s’évertuent à rendre faciles et pratiques certaines motos (FJR 1300 AS, Honda DN-01...). En tout cas j’aime bien le genre qui innove, au moins y’a des trucs à raconter.
C’est parti pour le descriptif. D’abord le look : jolie, vraie moto, les motards croisés saluent, le design est léché, l’équipement complet, rien ne l’apparente à un scoot... Sinon le moteur, mais encore faut-il le savoir car même lui présente pas trop mal. Pis bon, c’est pas completement un moteur de scoot non plus, hein, il sort quand meme ses 76 cannassons ! Cette moto a soigné le côté pratique par deux gros aspects : le casque qui rentre dans ce qui fait habituellement office de réservoir (le vrai réservoir étant dans la coque arrière), et la transmission automatique ou semi auto.
Ce coffre est vraiment une bonne idée. Un gros point noir de la moto en ville est bien d’avoir à se trimballer le casque une fois garé (si on ne veut pas que des clébards - ou des gros malins - pissent dedans). Ou alors il faut s’acheter un magnifiiique top case, qui te donnera assurément un look livreur de pizza réplica de très bon goût. Volumineux, on y rentre certains intégrals (graux ? et merde). Il y a aussi une prise allume cigare et un emplacement pour le portable. Le coffre s’ouvre électriquement au commodo ou bien via une tirette sous la selle arrière. Bref, top pratique et très bien intégré.
Ensuite la transmission auto, donc. Et là on voit qu’ils se sont bien creusé la tête chez Aprilia. D’abord il y a 4 modes : un manuel (on passe les vitesses au sélecteur ou au commodo sans avoir a débrayer ou couper les gazs) et trois automatiques (pluie, cool ou sport). J’ai surtout jonglé entre auto sport et manuel. Le démarrage n’est possible que si l’on freine. Pour la béquiller en cote il y a un frein à main sur le moteur (puisqu’on peut pas garder un rapport). Si la béquille est dépliée et qu’on accélère, le moteur coupe. Pas mal !
A bord la selle n’est pas trop haute (mais se révelera pas trop confortable). Rétros ok et foultitudes de boutons aux commodos, qui m’ont demandé un peu d’attention au début. Le tableau de bord a une grosse partie digitale et est encore plus complet que sur la Shiver : température extérieure, conso moyenne, instantanée, vitesse max et moyenne, rapport engagé (peu visible) etc. Tout est joliment dessiné. La position est bien "moto", les leviers sont réglables, les rétros corrects. Le reservoir est bien large (grosse poitrine petit cul comme la Shiver). GAAAZ !
Premiers tours de roue en mode manuel. Bon, pas trop moyen de lever l’engin, les wheels ont été sacrifiés sur l’autel de la facilité. On passe les rapports indifférement au pied ou au guidon. Inutile de couper les gazs (dur de perdre ce réflexe en 10 minutes) et si on insite des diode s’allument, indiquant l’imminence du rupteur (aucun compte-tours nous indique où l’on se trouve en régime). Si on essaye de rentrer (ou monter) un rapport de trop la Mana refuse de le faire et nous le signale d’un point d’exclamation au tableau de bord. A l’arrêt elle repasse toute seule en première.
En automatique (Sport) la réponse est en fonction du l’ouverture de la poignée. Si on est à fond elle se positionne sur la zone de couple maxi et donne ce qu’elle a jusqu’à la zone de puissance maxi, où elle change de rapport. Vraiment très bien fait on peut se concentrer sur autre chose dans la virole. On peut aussi "forcer" le changement de rapport si on veut mais je n’y ai pas vu d’intérêt. Une fois habitué au mode automatique, le mode manuel ne me semble pas très intéressant.
En ville entre le casque qu’on peut mettre dans le coffre et la boite automatique on aura du mal a trouver plus pratique et agréable dans le genre moto. En plus les départs aux feux rouges se font en boulet de canon. Ok, certains scoots ont une capacité de chargement bien supérieure (deux casques intégraux - grals ? et merde - sous la selle), n’ont pas de chaîne à graisser et sont dotés d’une protection complète pour le froid et la pluie (avec les si jolis tabliers), mais il faut sacrifier le plaisir d’un pur freinage et d’un vrai chassis.
Car la Mana n’est pas que pratique, elle vend aussi un côté plaisir. Et effectivement, elle se débrouille plutôt bien dans la virole, avec un frein avant nickel, un frein arrière quand même un peu trop timide et un chassis qui va bien. Les suspensions m’ont plu, je n’ai pas noté de réaction ou comportement bizarre. Tout juste l’assiette qui m’a semblé un peu sur l’arrière, peut être à cause de mon poids et du positionnement de l’essence (m’enfin le moteur qui fait ses 80kg devrait un peu compenser) ?
Il manque quand même un moteur plus "sensationnel" et un cardan (quitte à avoir une boite semi-auto seulement, comme sur la FJR 1300 AS) pour que le tableau soit parfait. Là c’était pas aussi fadasse qu’un scoot (sauf en sonorité, immonde) mais largement moins expressif que la Shiver. Rassure toi, la Mana reste quand même bien plus dérivée (et donc concurrente) des motos que des scoots (qui puent). Si tu cherches une alternative facile et pratique à ces grosses merdes de tupperware la Mana est un excellent choix, le fun en plus.