Ah, la B-KING... Quel fantasme lorsque le proto est sorti en 2001... Le moteur de l’hayabusa compressé, une gueule de fou,
une vraie machine de malade. Et puis l’espoir de la voir fabriquée, repoussé d’année en année jusqu’à ne plus y croire. Et d’un coup, lorsque tout le monde n’y croyait plus, Suzuki se décide à sortir son arlésienne ! Il leur a fallu tout ce temps pour la développer ? Ou bien pour se décider ?? 
Bref la B-KING est là , fidèle au proto bien que toutes les modifications mineures l’enlaidissent par rapport à l’originale. Et le compresseur est malheureusement passé à la trappe... C’est pas qu’elle manque de watts, hein ! Rien que lors de l’essai, en 100 chevaux, on sent qu’il y a déjà du monde, et en full ça doit être une expérience marquante !
Comme sur une Hypersport faut bien doser sur l’angle et freiner largement avant le virage tellement on est rapidement à des vitesses idiotes...
Mais commençons par le commencement. D’abord visuellement, la B-KING est une moto ENORME. Ce qui m’a le plus marqué est le réservoir qui doit faire entre 80 et 90 cm de large (pour une contenance de seulement 16,5 litres d’ailleurs
), mais la coque arrière est aussi particulièrement grosse, les repose-pieds passager semblant ridiculement petits. Et avec 260 kg (tous pleins faits), elle n’est pas facile à manier à l’arrêt et ne semble pas promettre l’extase dans la virole.
L’acceuil à bord est bon, la position agréable, rétros ok aux 3/4, leviers réglables, MC de frein radial, embrayage hydraulique (et antidribble) et un tableau de bord archi ultra complet,
avec des boutons sur le haut du réservoir. Je passe les détails mais il y a, entre autres, le rapport engagé, deux modes de puissance (A et B, il y en a trois sur les nouvelles GSX-R), et des trucs genre conso moyenne, etc. Y’a le bla bla sur le site Suzuki : "Ordinateur de bord Le tableau de bord de la B King est articulé autour d’un compte tour analogique avec un affichage LCD de la vitesse et de l’indicateur de rapport engagé. Sont également consultables : l’heure, l’odomètre et 2 trips journaliers, l’intervalle entre 2 révisions, le temps de voyage, la vitesse moyenne, le niveau d’essence, la t° moteur, le mode de cartographie sélectionné." 
GAAAZ ! Boarf. L’essai routier n’est pas très intéressant tellement il n’y a rien de particulier à rapporter.

La
B-KING est douce comme un agneau mais se transforme en taureau dès qu’on la titille. Le bridage est très bien fait même si bon, ça piétine en haut quand même. Encore une fois, en full ça doit être quelque chose... Sinon ben elle se lève facile en première aux gazs, mais pas en deux (en 100ch). Le moteur est rond, sans cap et le son est très sympa. Il n’y a pas d’à -coups d’injection sur le filet de gaz, Suzuki maîtrise bien son sujet. Le frein moteur est présent mais bien moins excessif que celui de
la GSX 1400.
Quant au chassis il se révèle très agréable

malgré le poids à emmener, qu’on oublie assez rapidement. La moto se balance bien, de façon neutre et les suspensions sont de qualité, fermes mais pas sèches, très bonnes. J’ai juste eu une petite impression de saucissonnage dans de la petite virole mais il est fort probable que ça venait de la route pas très billard et de ma gestion de l’accélérateur.

La garde au sol semblait correcte, je n’ai pas fait frotter les longs tétons des repose-pieds. Si je suis resté sur la réserve, c’était plus à cause de la route que de la moto. Le frein avant est très bon, mordant puissance tout y est (il faut peut être le chauffer un poil), mais l’arrière completement aux abonnés absents et le frein moteur ne suffira pas en situation cata...

Voilà , c’est à peu près tout ce que j’ai retenu.
La
B-KING est donc une très bonne moto sans défaut, doté d’un bon chassis et d’un bon gros moteur, mais j’estime que Suzuki n’est pas allé au bout du concept. Lorsqu’ils se sont renseignés pour voir s’il y avait de la demande pour une
B-KING, tout le monde les a supplié de garder le compresseur

et ce n’a pas été le cas. C’est pourtant ce qu’il manque à la
B-KING : un petit sifflement au fur et à mesure que les canassons débarquent aurait encore plus rajouté au fun de l’engin et au côté démesuré, décalé, barjot, machine de malade.
Faut croire que depuis que Suzuki est passé près de la faillite avec sa RE5 (à moteur rotatif) dans les années 70, ils pèchent par excès de prudence.

Quand même, six ans pour sortir la moto, qu’est-ce qu’ils ont branlé ?! On n’est pas dans l’esprit de la V-MAX (tiens, celle là aussi faudra que je l’essaye) que Yamaha a eu les couilles de sortir avec un V-Boost.

Je pense que c’est grâce à ça qu’elle est devenue mythique et s’est aussi bien vendue durant 12 ans. Et je pense aussi que c’est à cause de ça que la
B-KING ne sera jamais plus qu’une Hayabusa Street Bike. Elle se veut trop parfaite, trop accessible (y’a même l’ABS en option). Elle est puissante, certes ; saine, aussi ; mais pas mythique.

Dommage.