Ayant suivi Pierre sur une étape de son tour de France des potes,
j’ai pu en rencontrer quelques-uns. Parmis eux, un mec bonnard, dont la moto me dit quelque chose... Bordel, mais c’est la moto de Guido Brasletti ?!
En fait oui, mais non. C’est une 900 MHR, qui est en réalité une 900 SS carénée. Et comme le carénage intégral limite la garde au sol, Pat (le proprio) l’a remplacé par une bulle de SS.
Sympa, le mec accepte de me laisser les bracelets de l’engin, ce qui me permet de faire ma première comparaison entre des motos du Joe Bar Team (la H2B et celle-ci). Cool !!
D’autant que l’année prochaine j’ai bon espoir de rouler sur la Honda CB 750 et la Norton 850 Commando Mk3...
Née en 1975, (j’avais 2 ans
) la 900 SS à couple conique (transmission primaire par arbre et non par courroies) s’est vendue jusqu’en 1982. La version MHR a été créée en l’honneur de Mike Hailwood qui décrocha le titre de champion du monde
en 1978 sur une 900 SS usine. Elle fut vendue de 1979 à 1984. Hormis le démarreur électrique en 1983, la moto recevra peu d’évolutions. Elle existera ensuite en 1000 cm3 sans rencontrer le succès. 
Celle-ci est bien dépouillé. Pas de clignos, un seul rétro, pas de pot, pas de centrale. Ok, ok, y’a bien un "pot", mais vu comme il est vide j’appelerai plutôt ça un mégaphone ! Si on peut retrouver des mecs pris dans une avalanche grâce à leur balise Argos, nul doute qu’au fin fond d’un ravin un simple coup de gaz permettra aux secours de te repérer.
Quant à la centrale ça semblerait presque anodin, sauf que la MHR n’a pas de latérale ! Du coup on s’amuse bien quand il faut la garer...
Et il y a eu un sujet qu’on n’a même pas eu besoin d’aborder tellement il est rapidement venu dans dans la conversation. En 1 an, 10 pannes.
A peu près autant que sur la H2, donc, sauf que dans mon cas ce sont exclusivement des pannes... d’essence. D’ailleurs le jour même il grillera le fusible principal : en contrebraquant à gauche le faisceau s’est mis en court-circuit...
Faisceau qui semble être le gros point faible niveau fiabilité. Rajoutons quelques fuites d’huile, bien sûr ; en particulier une bien énervante à un joint d’embase dont le remplacement n’a pas suffit à juguler. Changeons donc vite de sujet pour éviter une fatwa... 
Enfin ces petits soucis n’empèchent pas Pat de rouler, et bien ! Malgré une jante arrière très voilée et des pneus de vélo, la prise d’angle est généreuse. Et alors que je ne jure que par les BT-45, lui s’éclate sur des Avon Race, qui tiennent le parquet, certes, mais fondent comme neige au soleil.
Avant de me passer les clés il m’avertira au sujet d’amortisseurs fatigués et un peu fuyant. Bah vu comme il roule ça a pas l’air si génant que ça.
Vient donc le cérémonial du démarrage.

Pas de kick à déplier ou de carbu à titiller mais quand même un démarreur à tripoter. Faudrait pas que ça soit une moto presse-boutons non plus ! En route y’a du gros SON.

Et à bord je trouve le guidon suuuuper loin et les repose-pieds suuuuper hauts. M’enfin on s’y habitue suuuuper vite alors ça va.
La première partie est composée de belles longues lignes droites et quelques courbes sur la fin. Pas le genre d’endroit dont rafole la
MHR 
mais je peux voir ce que donne le moteur. Eh bien il tire suuuuper long. Et il est suuuuper rond (ça devient lourd). Réglé un peu riche il faut l’accompagner avec la poignée de gaz à bas régime sinon il s’engorge. Poignée qui tire d’ailleurs suuu
"TA GUEULE !" ok ok, elle tire long quoi, merde.
Faut s’y reprendre à deux fois si on veut essorer et le moteur donne son meilleur à mi-régime, genre entre 4 et 6000 (zone rouge à 7500). Il allonge beaucoup ensuite sans raffoler des haut-régimes.

La moto tire encore plus long que
la H2, à 140 en 5 on doit être à 4000 tr/min. Et surprise, contrairement à ce que je pensais la moto vibre très peu ! On ne sent pratiquement pas le moteur palpiter, même en prétant l’oreille.
"- Alors, déçu ?" Contre toute attente, non ! Si pour moi un twin se doit de palpiter et de le faire sentir, celui-ci offre... autre chose. Il m’a envoûté par son côté brut de fonderie,
très rugueux et vivant, j’ai beaucoup aimé.
Par contre la boite de vitesse était... spéciale.

Dure, la vitesse ne changeait pas toujours immédiatement, mais parfois après une demi seconde. J’ai aussi eu droit à un magnifique faux point mort, entre la 4 et la 5. Et la grande dureté du levier n’incite pas à trop jouer avec. Heureusement le moteur allonge bien et du coup y’a moyen de bien se faire plaisir en enroulant.
Mais pour ça il faut une partie-cycle au top et ce n’était que moyennement le cas sur celle-ci. Par exemple si je lachais les bracelets des louvoiements apparaissaient, de plus en plus forts et qui doivent finir en guidonnage si on les laisse faire (j’ai pas vérifié

). Elle avait aussi tendance à tomber sur l’angle. M’enfin elle gardait toujours une saine rigidité et tenir le guidon suffisait à bien la contrôler. Avec des suspensions en bon état, une jante arrière non voilée (probablement la responsable des louvoiements

) et des pneus différents ou moins usés, nul doute que la partie-cycle de la
900 MHR égale voir dépasse celle de
ma H2B dont je suis satisfait.
Pour les freins, l’arrière est tip top, moelleux et puissant, très bon. L’avant puissant à condition d’insister, mais manquant de mordant à mon goût

(même s’il y en avait plus que sur
la Mach IV). Là encore je suis à peu près sûr que le double disque Brembo avec des plaquettes, étriers et maitre-cylindre en forme doit être capable de mieux. Pour le reste je n’ai rien noté de particulier. Je n’ai pas eu mal au cul, le simple rétro était inutilisable et j’ai bien aimé le regard des gens sur cette moto rétro.

Au final je préfère clairement
ma 750 H2B, fiable, au moteur coupleux et puissant, à la boite et au chassis agréables. Mais une
900 MHR dotée d’un chassis et d’un freinage au poil, fiabilisée et avec une boite qui s’oublie ça doit carrément le faire pour enrouler. Voir pour arsouiller !

Pas étonnant que la 900 SS dont elle est issue figure dans le Joe Bar Team. Merci Pat pour l’essai.
Note quand même qu’une 900 SS en très bon état se vends au même prix qu’une 750 H2, soit au moins 10 à 12 KEUR...