Oula, oula, voila une meule qu’il me tardait d’essayer. "Dérivée de la M1 de MotoGP" , "révolutionnaire" , "Mon secret ? La R1" dixit Ben Spies après sa double victoire en Superbike. Je te passe les autres commentaires qui me faisaient saliver. Rajoute à ça une presse moto l’encensant de façon unanime ou presque et je te laisse imaginer mon envie de voir ça de plus près. Une mission pour super dlabaaalle, assurément.
Affublé de mon costume de super héros je me faufile dans ma cachette par un passage secret (appelé aussi vulgairement ascenseur). De là je peux tel Tonnerre Mécanique bondir dans la rue par une rampe de lancement à ouverture coulissante (que le commun connait sous le nom de portail automatique). Arrivé dans mon repère, je déchante.
De ma super 636 il ne me reste que le collecteur, le radiateur et le bras oscillant (annonce ! ). Ma super 31K est en garageo-thérapie depuis un an, ma super CR n’a plus de cadre ni de moteur et ma super H2B attend son huile. C’est donc en super berlingo que j’irai subtiliser les clés de celle dont on parle tellement qu’elle me ferait presque de l’ombre.
Mission réussie ; on me demande si c’est compatible avec mon CV. "Ah, ah, mon gars tu parles à super dlabaaalle ! 40 Mkm en Gex K1 ! 45 Mkm en R1 04 ! "mêmpapeur"." Le gars a compris et s’incline respectueusement devant le maître de la route que je suis. Tremblez, manants, j’arrive ! Je monte à bord de l’engin. Déjà je sens les regards se tourner vers moi. Normal, j’ai l’habitude. J’enclenche la première dans un claquement. Seul le bruit caractéristique de la R1 2009 se fait entendre, la plèbe attends dans un silence quasi religieux d’assister à mon départ. J’embraye... PLOUP ! Calé !
Après quelques fous rires, tomates dans la gueule et chiens qui viennent me pisser dessus je réussi à m’enfuir la R1 entre les jambes (
"R1 entre les jambes" : dlabaaalle est drôle).
Outre le fait que l’embrayage est peu progressif (ça s’arrange à chaud), genre comme sur
ma R1 2004 en moins pire quand même, la moto me met rapidement en confiance.
Position confortable pour qui est habitué
"SUPEEER DLABAAAAAAALLE !" ,
commandes douces et agréables, tableau de bord archi complet avec un indicateur de rapport engagé (j’aime) et 3 modes de réponse moteur sélectionnables au commodo.
STD , STanDard quoi (Ã moins que ce soit STandarD).
A , brutal selon le concess, STD bis selon moi.
B , pluie selon le concess, lopette selon moi.
Dans les faits, malgré la finesse de mes sensations
"SUPEEER DLABAAAAALLE !" je n’ai pas vu la différence entre STD et A, et à peine entre STD/A et B. A priori le mode B est plus doux, et c’est vrai qu’à l’arrêt en mettant des coups de gazs on voit que le moteur réagit différemment, moins brutalement.
On peut le sentir sur la vidéo. Du coup j’ai fait le gros de l’essai en STD, parfois en A.
Quant à la question que tout le monde se pose, à savoir "Mon Dieu, en quel mode dois-je me mettre pour faire de beaux wheelings ?", la réponse est... J’en sais rien !
"SUPEEEEER DLABAAAAAALLE !" (Ah non, pas cette fois) . Les quelques tentatives effectuées en 2 (aux gazs) n’ont pas été fructueuses. J’ai senti qu’il ne manquait pas grand chose mais ça ne l’a pas fait. Dommage, j’aimais bien m’amuser avec
ma 2004 . En full on peut espérer que ça soit plus facile. A moins que
"super dlabaaalle" ne soit qu’une pine. Mais... non, ça c’est pas possible.
Quant au moteur, forcément vu mon immense expérience, j’ai commencé par le tutoyer cash. Ben... il fallait pas ! C’est que niveau watts, y’a ce qui faut, voir même un peu plus ! Donc vite vite je me suis remis à avoir peur,
comme lors de mes débuts en
R1 2004 . Faut vraiment faire gaffe et toujours doser pour ne pas se satelliser. La réponse est généreuse de partout, sans cap et le bridage bien fait je trouve, la moto n’explosant pas dans les tours mais ne devenant pas anémique non plus.
Maintenant l’originalité de la
R1 2009 c’est son fameux calage "crossplane", les pistons ne sont pas calés comme dans un quatre en ligne classique avec une explosion tous les 180° mais d’un façon différente qui est sensée permettre au vilebrequin une rotation plus constante. Faut mater la pub pour y voir un peu plus clair
(le son est bien fidèle à ce qu’on entend sur la moto). A écouter les pros ce calage est vraiment révolutionnaire, donnant une confiance incroyable lors de la ré-accélération sur l’angle et étant une des clés des performances de la M1 de MotoGP.
Tout ça c’est bien beau, mais sur route ça donne quoi ? Pour faire court : l’impression de rouler sur
une VFR . Ben oui le nouveau calage révolutionnaire est équivalent à celui d’un V4. D’où le même bruit et les mêmes sensations. Du coup je trouve l’enthousiasme à son égard un peu exagéré. Ça se sent peut être sur piste mais sur route je n’ai rien noté à la remise des gazs sur l’angle.
Pas de feeling accru ou de confiance décuplée, juste toujours le même besoin de doser sagement les gazs pour ne pas se satelliser.
Peut être qu’un essai plus long en comparant avec l’ancienne R1 m’aurait permis de voir l’intérêt du crossplane. Là je suis resté sur ma faim. Et j’aimerais bien comprendre l’intérêt de ce calage par rapport à un V4 !
Le moteur en ligne a une surface frontale supérieure mais il se rattrape en pesant moins lourd et en étant moins long. Pas sûr que ça soit nécessaire pour pourrir Robert dans les petits coins.
Ce qui m’intrigue c’est l’enthousiasme déclenché. C’est un peu comme si à la sortie de
la TRX (pour ceux qui l’ignorent, elle est dotée d’un bicylindre en ligne calé à 90° pour reproduire le bruit et les sensations d’un V2 : hé oui, Yamaha n’en est pas à son coup d’essai !), on découvrait les avantages et sensations d’un bicylindre en V... Marketing, quand tu nous tiens.
Du coup faudra que j’aille essayer la RSV4 pour essayer de confirmer la similitude des sensations.
J’ai aussi noté une souplesse moindre à bas régime, j’ai même eu l’impression d’être sur le point de caler ! Sensation plutôt rare sur un quatre cylindres. Mais après, pardon si je ne l’ai pas suffisamment dit, connasse, comme ça pousse ! Les super sportives c’est plus fort que toi. Faut vraiment rester modeste au guidon.
Pour le reste concernant le moteur le bruit est sympa et change du sempiternel 4 en ligne. L’embrayage est un peu brutal et la boite accroche bien, de façon sonore et donnant un bon retour d’information.
Aussi la
R1 2009 est dotée du
"ride by wire" , un p’tit machin se calant entre la poignée et les papillons de gazs. C’est lui qui gère les 3 différents modes de réponse du moteur. Mais ride by wire ou pas, on a droit à des à -coups à la remise des gazs.
Pas monstrueux, juste chiants et difficiles à éviter, quel que soit le mode de réponse sélectionné. Enfin, à l’instar de
ma 2004 , la 2009 chauffe toujours, dépassant allègrement les 90° (hors ville). Voilà , ouf, fin de la tartine moteur.
Ce qui m’a surpris en fait, c’est le châssis, que j’ai trouvé tout bonnement
MORTEL .
Chaussée d’un 190/55 elle était un vrai bonheur à balancer. Ses suspensions étaient fermes et moelleuses, l’assiette parfaite, bref je me suis régalé. Je ne sais pas si Yamaha s’est mis à les livrer bien réglées, ou si le gourou es-suspensions local (officiant chez Yam Service) est passé par là , mais elle m’a bluffé par sa facilité.
Rien à voir avec
la R1 2004 essayée ou
la mienne avant réglage.
Niveau freinage c’est bien, mais j’ai pas adoré non plus. L’arrière est banal, ça ralentit ce qu’il faut sans grand feeling. L’avant (6 pistons radial) n’est pas agressif et bien puissant. Ça freine fort mais sans trop le montrer. L’attaque faible est très bien pour éviter la chute sur un freinage réflexe par temps humide mais je préfère quand c’est plus violent.
Et la puissance semble là mais sans feeling extraordinaire. Pas mauvais mais pas à mon goût en bref.
Pour conclure, pas de révolution à mon sens, mais une belle moto qui serait sûrement mon choix si je voulais taper dans l’artillerie lourde japonaise.
Trapue, comme
la Desmosedici , elle est ramassée, agressive, et dégage une grosse impression de puissance. J’aime beaucoup les entrées d’air dans les optiques et la coque arrière tout en largeur. Son châssis fantastique et son moteur sous stéroïdes m’ont donné envie d’elle.
Maintenant j’ai envie de voir d’autres choses avant de retourner à la grosse sportive Japonaise,
donc ça ne se fera pas dans l’immédiat. Gros bémol aussi : elle émettait des bruits non identifiés et vu l’usine à gaz que c’est (drive by wire, lenticulaires feux de route et de croisement, TPS, Exup, pipes d’admission à longueur variable, température excessive, etc), j’émets de
grosses réserves concernant la fiabilité de cette moto.
Celle de
ma 2004 était
une farce (voir
l’article ) et j’ai un
gros doute sur les progrès effectués par Yamaha depuis (d’ailleurs j’ai aidé récemment un gars à pousser sa R1 2008 en carafe).
Parfaite ou pas, j’adore toujours les grosses sportives. Condensées d’adrénaline, de testostérone. Leur couple camionesque, leurs watts démoniaques. La sensation de fusionner avec un missile, les relances incroyables... et un châssis au top : MIAM, quoi. Bien sûr, avoir 180 chevaux ne sert à rien. Enfin, si on n’aime pas se mettre les yeux au fond des orbites. Si on n’aime pas s’offrir des dépassements s’apparentant à des atomisations. Si on n’aime pas être écrasé par la puissance de la machine. Si on n’aime pas devoir millimétrer sa demande en permanence. Alors oui, dans la petite virole n’importe quel handicapé peut pourrir une sportive avec une petite cinquantaine de chevaux. Oui, dès que c’est serré c’est panique à bord. Et oui, on est plus confort sur une meule avec une pelle à neige comme pare-brise, un siège de bagnole et une capacité de chargement de fourgonnette. Mais le plaisir d’avoir une moto splendide ? Un objet à la pointe de la technologie ? De pouvoir prendre un pied phénoménal sur piste de temps en temps ? D’avoir la sensation de faire frotter les oreilles ? La crainte de la bête ? Ben ouais, ça se paye. Et ça s’appelle la passion.