Tiens, tiens, Triumph fait une journée portes ouvertes. Connaissant Road Master ça va être “no way !” pour la Rocket mais ça coûte rien de tenter le coup... Yes ! Le monsieur il a droit à l’essai de ZE moteur, et en plus le mec était sympa.
Alors que je commençais à me demander si la concession avait changé de propriétaire, j’ai eu ma réponse en revenant de l’essai. Celui qui m’a passé les clé s’est presque fait engueuler parceque la moto n’était pas sensée être essayable...
M’en fous, j’ai pu voir ce qu’elle donne. 
La première chose qui frappe, comme avec la Kawasaki VN 2000, est la taille de la moto. Elle est ENORME. Tout est sur-dimensionné. Le pneu arrière fait 240 mm, l’avant 150 mm (la même taille que le boudin arrière de ma Bandit 600 !), le réservoir doit bien faire 60 cm de large et les rétros, (efficaces au demeurant) qui eux sont de taille normale, semblaient tout petits !
Même les poignées sont grosses. La selle semble basse mais elle ne l’est en fait pas puisque tout est grand. Elle est du reste bien confortable. Assis, les jambes sont très en avant et écartées, tout comme les bras, dépliés et le buste un peu en arrière. Une position custom, quoi. Ça m’a fait tout drôle de retourner à ma CB 500, j’étais tout perdu dessus. 
Pour ce qui est de l’équipement c’est du classique. Les leviers sont réglables, les commodos sans originalité n’ont pas l’appel de phare et possèdent un emplacement qui ne sert à rien. Le tableau de bord est assez proche du conducteur. Il m’a semblé petit mais c’était sûrement parceque toute la moto est grosse. Il est sobre sur fond noir et pauvre en fonctionnalités : on n’a même pas la température du moteur.
Le bouton servant à parcourir le contenu de l’écran digital est soigné, preuve du très bon niveau de la finition : léchée et n’appelant pas à la critique. Il y a pas mal de chromes, qui doivent être bien long à nettoyer. On est sur une moto frime. Et comme les chromes sont parfois éblouissants on comprend alors pourquoi les lunettes de soleil font partie de la panoplie du frimeur. 
Le poids se sent lors de manoeuvres à l’arrêt mais pas au débéquillage. Par contre la moto réagissait avec un temps de retard aux changements d’angle, ce qui se sentait bien en zig zagant. Je ne saurais dire si cette inertie venait du gros moteur, du poids ou d’autre chose.
Les bosses n’étaient presque pas absorbées, la moto rebondissait beaucoup et transférait vite les chocs. Les repose-pieds étant bien éloignés la garde au sol est forcément ridicule, et ça n’a pas manqué, le “crrr” se fait vite entendre. En fait ça m’a bien fait marrer et si je ne l’entendais pas dans un virage j’en ressortais déçu. Enfin bref, un chassis de custom.
Et... le... MOTEUR ! 2295 cm3 ! 3 monos de 765 cm3 ! 20 mkg de couple !
Ah la la, à force d’entendre dire qu’il était fantastique, qu’il faisant changer notre vision de ce qu’est une moto qui pousse, je m’attendais à un truc de folie. Ce qu’il n’est pas.
Il est super coupleux, génialement plein, rond et puissant. Il donne du bonheur en barre et chaque coup de gaz est un vrai régal. Mais il ne m’a pas scotché non plus et je n’ai jamais été débordé par sa patate. Il n’est cependant pas une déception. Il pousse dès les plus bas régimes, watte fort jusqu’à 2500 tr/min et très fort par la suite. On sent un léger cap à 3500 puis la poussée se fait plus linéaire (mais toujours forte) de 4500 à 6000 tr/min, merci le bridage.
Il rend les armes peu avant la zone rouge, qui est à 6500 tr/min. Enrouler avec est bien évidemment jouissif, me faire catapulter de courbe en courbe m’a mis aux anges. J’aurai juste apprécié un peu plus de son, sympa mais pas très présent.
Quand aux galopins se posant la question des wheels
je répondrais qu’elle ne se lève pas en première en ouvrant en grand à 1000 tr/min (en tout cas la version 100 ch) : prenez donc la Speed Triple ! Les vrais pratiquants réussiront probablement à la dresser quand même, mais l’atterrissage de cet A380 doit être touchy... 
Pour le reste, je n’ai rien remarqué concernant la boite et l’embrayage. A l’arrêt on sent un peu (par rapport à une Guzzi) de couple de renversement à droite en mettant des coups de gaz. Le frein moteur était très faible pour cette cylindrée, je pense moins que sur la GSX 1400. Et ce même au rétrogradage. Le frein arrière était parfait, permettant de bien ralentir la Rocket avant blocage et l’avant était aussi bien puissant et mordant. Et même un peu trop en fait : le blocage arrive assez rapidement, ce qui m’a valu une petite chaleur. 
On a donc là une très belle moto custom, bien frime, super bien finie, et armée du plus gros moteur moto de grande série au monde pour martyriser le très gros boudin arrière. Les amateurs du genre devraient donc être comblés. N’en faisant toutefois pas partie et n’ayant pas été impressionné par le moulbif (bien qu’il soit absolument génial dans l’absolu), cette moto n’est donc pas pour moi. Par contre, la Speed... 