Quel intérêt de changer ses pneus soi-même ?! Faut un paquet d’outils, le montage n’est pas bien cher voir gratuit, pourquoi se fatiguer ?
Pour plusieurs raisons :
La pose est rarement gratuite, on économise entre 20 et 50 euros par train de pneus. Suivant sa consommation de gommards, on peut finir par rentabiliser.
On n’est plus tributaire des horaires d’ouverture d’un magasin et on n’a plus à s’y rendre.
On peut donc faire ça quand et où on veut, genre dans un paddock un dimanche à 3 heures du mat. On fait le boulot soi-même et on peut être plus soigneux que certains mécanos (si si…). On n’a pas a supplier qui que ce soit pour monter les pneus qu’on vient d’acheter sur le net ou ailleurs (d’autant plus que certains font alors payer la pose deux fois plus cher, véridique !).
On peut « tourner » ses pneus soi-même et au besoin (ça c’est pour les pistards).
Note bien que je ne suis pas un pro, ce qui suit est informatif, un mauvais remontage ou une erreur au niveau des pneus peut être mortelle, « use at your own risks ».
Démontage / remontage des roues
Ben oui, faut commencer par là. Et, outre les béquilles avant et arrière, ça peut demander des outils dédiés, genre une clé Allen de 22 pour la jante avant de ma 636, une douille improbable pour un monobras etc.
D’ailleurs je te conseille dans un premier temps de simplement amener tes roues démontées au mécano. Tu payeras moins cher et ça te permettra de prendre le coup de la première étape.
Rappel rapide du démontage d’une roue :
On démonte les étriers de frein.
On dévisse les vis en bas de la fourche (normalement un seul côté suffit).
On dévisse et retire l’axe en tenant la roue.
A l’arrière on pousse la roue pour donner du jeu et pouvoir enlever la chaîne.
On sort la roue, on met les entretoises sur l’axe (dans le bon sens) pour ne rien oublier au remontage.
On ne pose JAMAIS une roue sur son disque de frein.
On pose couronne, axe, etc sur une surface propre (pas de sable ou autre saleté).
On peut vérifier la bonne santé des roulements et l’état des plaquettes.
On prend soin de ne pas toucher le levier et / ou la pédale de frein !! Sinon les plaquettes se rapprochent et le remontage sera bien difficile…
Rappel rapide du remontage d’une roue :
On graisse un poil l’axe et les vis (genre celles des étriers), ça les protège et aidera à leur démontage futur. Rassure-toi elles ne tomberont pas toutes seules.
On remet la couronne et les amortos de couple à l’arrière.
On remet les entretoises sur la roue.
On remet l’axe en tenant la roue. C’est vraiment la partie chiante, y’a toujours des pièces (entretoises) qui tombent à ce moment là et la jonction disque / frein arrière est souvent une plaie.
On remonte les étriers de frein.
On vérifie que la roue tourne librement et qu’on a bien tout serré et au bon couple (axe et vis d’étriers mais aussi vis de bas de fourche). Serrage assez fort mais pas destructif sur les grosses pièces, dosé sur les autres. Inutile de trop serrer pour ne pas tout bousiller.
On appuie sur le levier (ou la pédale) de frein pour remettre les plaquettes en place. Ultra-important pour ne pas risquer de se retrouver sans frein à la première tentative !
On sait tomber / remonter les roues ? Un peu d’équipement est nécessaire pour aller plus loin. Le démontage / remontage est décrit en deux parties, une « confort » où le total de l’équipement frise les 500 euros, (ouch) et une « manouche » qui permet d’obtenir le même résultat pour dix fois moins cher !
Démontage / remontage des pneus « confort »
C’est l’équipement que j’ai choisi. Voici la liste de ce que j’ai acheté avec les prix :
Un jeu de béquilles | 66 euros | Via une commande groupée sur un forum |
Une décolleuse Une équilibreuse |
166 euros | Le mec les fait lui même, on en trouve parfois sur le web en commande groupée, les miennes sont nickels. |
Un démonte-obus | 5 euros | Trouvé sur ebay et chez Mad.fr |
Deux démonte-pneus | 28 euros | 350 mm avec ergot, pris chez Mad.fr |
Deux démonte-pneus | 17 euros | 380 mm classiques. |
Trois protège-jantes | 9 euros | Aussi pris chez Mad.fr, on peut trouver moins cher ailleurs. |
Un pot de crème à pneus | 12 euros | |
Un pinceau | 1 euros | Trouvé en premier prix chez Leroy Merlin. |
Dix valves 33 mm | 11 euros | Aussi sur Mad.fr |
Un compresseur | 148 euros | Sur ebay, 50 litres, lubrifié et avec des accessoires. Mais c’est une grosse merde qu’il a fallu que j’aille faire réparer et les accessoires sont pourris, vaut mieux attendre les promos des Brico machin. |
Un manomètre | 16 euros | Pour toujours comparer les pressions avec le même outil. Chez Cardy et consors ou chez Mad.fr |
Des plombs d’équilibrage | 11 euros | J’ai pris 10 x 60 grammes en 5 et 10 chez Mad.fr |
Total | 490 euros | Tous les prix sont port compris. |
C’est parti. On dégonfle le pneu en retirant l’obus de la valve. Il faut pour ça un démonte-obus, ça se trouve pour quelques euros. A défaut un petit tournevis peut faire l’affaire. L’obus se retire en le dévissant. Réoriente la valve pour insérer le démonte-obus si nécessaire. Laisse le pneu se dégonfler tranquillement avant de retirer complètement l’obus (sinon il risque de se faire éjecter on ne sait pas où, et vu la taille de l’engin ça se perd facilement ).
Ensuite il faut une décolleuse. Plusieurs écoles : la vraie décolleuse qui prend soin de la jante ou les solutions de derrière les fagots (voir la partie manouche).
On décolle, donc, le pneu en plusieurs endroits et sur les deux flancs. Une fois décollé en un endroit on peut faire la suite avec les pieds ou à la main. On installe ensuite des protège-jantes sur au moins un tiers de la jante. On ne laisse pas d’espace entre eux car les démonte-pneus ont tendance à se déplacer et s’y insérer lorsqu’on s’en sert. Une autre solution pour préserver les jantes est de recouvrir les démonte-pneus d’une couche de scotch américain par exemple.
Astuce très importante pour aider au démontage, on appuie sur le flanc du pneu opposé aux démonte-pneus, afin de bien le rentrer dans la gorge de la jante et donc de donner plus de mou au pneu.
A priori deux démonte-pneus suffisent pour sortir un pneu. On en sort une partie, on enlève un démonte-pneu, on le replace une dizaine de centimètres plus loin et on recommence. Sauf que lorsqu’on commence à sortir le pneu il se met en tension et personnellement je n’arrive plus à placer un démonte-pneu ensuite.
Ma méthode est de placer quatre démonte-pneus à l’avance. Je m’en sers un par un, en les bloquant sous le disque de frein (je démonte toujours du côté où il y a le disque). Une fois terminé le reste du pneu se sort à la main. Rebelote pour le second flanc (on ne tourne bien évidemment pas la jante). Mais là le pneu doit être tenu en hauteur et c’est un peu plus emmerdant. On fini le démontage à la main en tirant sur le pneu, en faisant gaffe de ne pas se vautrer et sans prendre appui sur le disque !
C’est le moment de changer la valve si on le souhaite. La solution « noble » ou friquée est d’utiliser un arrache-valve. En fait ce que tout le monde fait c’est découper la valve au cutter à ras de la jante (gaffe aux rayures). Le morceau opposé s’enlève facilement. La nouvelle valve se rentre en la poussant avec un gros tournevis. Elle doit sortir entièrement du côté opposé, notamment son épaulement : vérifie bien que le rebord de la valve est correctement sorti.
Et maintenant, on monte ! Certains pneus ont une marque de prééquilibrage, elle doit être mise au niveau de la valve. Vérifie bien aussi que tu montes le pneu dans le bon sens, il y a des flèches dessus qui te l’indiquent, il doit aussi y en avoir sur la jante.
Monter un pneu à l’envers n’est pas dramatique par temps sec à en croire les pistards et mon expérience, mais par temps humide les sculptures ne fonctionneront à l’évidence pas comme elles devraient. Certains manufacturiers autorisent le montage dans les deux sens de leurs slicks. Cela permet aux pistards de les retourner afin d’uniformiser l’usure (qui dépend du sens du circuit).
Le premier flanc se monte sans outils ! On lubrifie au préalable les flancs du pneus et les rebords de jante avec du savon. On place le pneu et en appuyant en alternance sur le flanc gauche et droite on le rentre peu à peu. C’est assez facile et pour peu de bien garder le flanc opposé dans la gorge de la jante on le rentre sans forcer.
Ensuite on vérifie que le pneu est bien placé (marque de prééquilibrage), on place les démonte-pneus à l’endroit où l’on prévoit de finir le montage (de préférence de l’autre côté de la valve), puis on commence à le rentrer à la main. On garde bien l’opposé du pneu comprimé de façon à ce qu’il soit au centre de la jante (dans la gorge). On place les démonte-pneus et on s’active. Le pneu doit rentrer sans forcer ou presque pas. Si on force on peut détruire le pneu en le déchirant ou en déformant sa carcasse. Voir voiler sa jante (si, si). Donc tout doux.
Le plus dur est fait. Reste plus qu’à regonfler le pneu. On peut se servir du gonfleur d’une station service mais le top est bien d’avoir un compresseur (idéalement lubrifié). On gonfle donc jusqu’à ce que le pneu claque des deux côtés et soit bien en place. On le laisse ensuite se dégonfler et on vérifie que le pneu est bien en contact avec la jante sur tout le bord. On remonte alors l’obus de valve et on met à la pression adéquate.
Il arrive que le pneu ne claque pas. C’est le cas lorsque l’air sort plus vite qu’il ne rentre. Le pneu ne gagne pas en pression et ses flancs ne rentrent pas en contact avec la jante. Voici quelques astuces qui peuvent aider :
Utiliser un gros compresseur ou quelque chose qui a un gros débit pour que l’air rentre plus vite qu’il ne sort.
Enlever l’obus de valve pour que l’air puisse rentrer plus vite.
Lubrifier abondament l’intérieur de la jante et les flancs du pneus.
Appuyer sur le pneu à l’endroit où l’air s’échappe pour le forcer à rester dans le pneu.
On peut aider le pneu à se placer en faisant un peu rebondir la roue.
Démontage / remontage des pneus « manouche »
Trois planches de bois | Gratos | C’est pas trop compliqué à trouver, ça. |
Un démonte-obus | 5 euros | Maxi. |
Des démonte-pneus | 18 euros | Je vois de temps en temps des démonte-pneus par trois sur ebay à ce prix là. |
Du liquide vaisselle | 5 euros | A mettre bien dilué avec de l’eau dans un pulvérisateur. |
Une pompe à vélo | 22 euros | Une pompe à vélo avec manomètre suffit pour remonter et faire claquer un pneu, faut juste être en bonne condition physique. |
Soit une cinquantaine d’euros environ. Correct, non ? Et même si comme moi tu préfères t’équiper confort, il peut toujours être bon de savoir manoucher un coup.
Mode d’emploi du petit manouche :
On peut se démerder à démonter ses roues sans béquille, faut un cric ou des chandelles et bien bloquer la moto. C’est plus risqué qu’avec une béquille mais certains se débrouillent comme ça. Reste qu’il faut quand même quelques outils.
Une fois démontée on pose la roue sur deux planches de bois. Les disques de frein ne doivent être ni en contact avec les planches, ni avec le sol. C’est que ça se voile facilement ces petites bêtes.
On retire l’obus de valve. Le pneu dégonflé on positionne une extrémité de la troisième planche sur un flanc du pneu, à fleur de jante. On le fait d’un côté où la roue est en appui une des autres planches. Et… on saute sur la planche !! Ca suffit à décoller le pneu. Rebelotte de l’autre côté.
Il existe beaucoup d’autres façons de décoller un pneu. On peut trouver des sortes de pinces géantes, ou le faire à la bêche, ou à l’étau, ou en roulant sur le pneu avec une voiture ou une camionnette (faut pas espérer le remonter alors), etc… Mais pour moi le meilleur rapport prix / facilité / rapidité est la planche de bois sur laquelle on saute.
On peut ensuite sortir le pneu avec des démonte-pneus. Pense à enrouler une bonne couche de scotch américain autour. Ta jante te le rendra bien.
Les valves aussi doivent être changée, mais point besoin d’arracheur. On peut les extraire en les découpant au plus près de la jante (sans la rayer) avec une lame de cutter. La nouvelle valve se rentre en la poussant par son intérieur (en laiton) avec un tournevis cruciforme assez large. Très important : Attention à bien vérifier que la valve est correctement installée, un petit épaulement doit être visible à sa base.
Pour le montage du pneu neuf (ou pas) on lubrifiera le flanc (et éventuellement le fond de jante aussi) en pulvérisant du liquide vaisselle bien dilué. On l’installe avec les démonte-pneus. On vérifie que le pneu est dans le bon sens et, s’il y a un témoin d’équilibrage, que ce dernier est bien face à la valve.
On remonte ensuite l’obus de valve et on le gonfle à la pompe à pied, à vélo, à ce que tu veux (bon courage) jusqu’à ce qu’il claque des deux côtés. On le met à la bonne pression et on vérifie bien que le pneu ne fuit pas et est en contact avec la jante de partout. Si on n’est pas sûr de soi on peut vérifier la pression une heure ou deux plus tard, voir le lendemain.
L’équilibrage arrière n’est que très rarement nécessaire. Et très souvent on peut se passer de l’équilibrage avant. En une saison de piste je n’ai jamais eu à le faire. Néanmoins si l’avant se met à vibrer à partir d’une certaine vitesse ne cherche pas plus loin et va vite faire ton équilibrage.
L’équilibrage
Il faut pour cela une équilibreuse et des plombs d’équilibrage. On pose la jante sur l’équilibreuse, elle tournera jusqu’à ce que le point le plus lourd soit en bas, on met le bon dosage de plomb à l’opposé pour qu’elle ne tourne plus quel que soit son sens. Rien de bien difficile. L’équilibrage de la roue avant est le plus important, beaucoup se passe d’équilibrer l’arrière, même sur route. A l’avant par contre s’il y a un mauvais équilibrage des vibrations peuvent apparaître à partir d’une certaine vitesse. C’est très désagréable.
Bon perso je n’ai jamais eu à le faire. C’est vraiment pas du tout compliqué, faudrait que je fasse une petite vidéo rapide. … un jour, peut être …